La Chaux-de-Fonds est sur le point de terminer sa troisième semaine de travaux de rétablissement après la violente tempête du 24 juillet. Selon les premières estimations, les dégâts causés aux bâtiments s’élèvent entre 79 et 90 millions de francs. Nous avons rencontré deux spécialistes en assurances d’E-Gestion, Anthony Kurth et Emanuel Fundoni, pour comprendre qui va payer la facture et décrypter les enjeux économiques de ces dégâts extraordinaires.
Qui paie des dégâts des bâtiments?
Anthony Kurth : Dans le canton de Neuchâtel, comme ailleurs en Suisse, les bâtiments sont obligatoirement assurés auprès de l’ECAP qui prend en charge une très grande partie des coûts des réparations, tant pour les privés que pour les entreprises. Pour la petite histoire, le principe de cette mutuelle a d’ailleurs été discuté pour la première fois après l’incendie qui a détruit une grande partie de La Chaux-de-Fonds à la fin du 18e siècle.
Emmanuel Fundoni : Si la prise en charge des coûts de remise en état des bâtiments est principalement assumée par l’ECAP, le grand point d’interrogation concerne la perte des loyers pour les propriétaires de biens locatifs ou les pertes d’exploitation pour les entreprises qui dépendent d’assurances privées. Il faut vraiment espérer que tous les sinistrés soient bien couverts.
Vous pensez à un privé qui n’aurait pas assuré des biens détruits par la tempête?
EF : Oui, car il n’est pas obligatoire d’assurer son inventaire privé. Je pense donc à un propriétaire qui doit rénover des appartements endommagés et qui ne perçoit plus de loyers pendant plusieurs mois. Je pense aussi à des entreprises qui ne peuvent plus honorer leurs commandes et dont les clients passent à la concurrence.
AK : Ces dommages extraordinaires peuvent malheureusement mettre une entreprise en péril. Si l’assurance perte d’exploitation permet de faire face à une interruption de l’activité, elle ne couvre pas la perte occasionnée par le départ d’un client.
Que faudrait-il entreprendre pour éviter de se retrouver dans une telle situation?
EF : Idéalement, il serait nécessaire de mener une réflexion de gestion des risques avec la mise en place d’un plan de continuité. Pourquoi ne pas imaginer une mutualisation des ressources entre entreprises de même secteur? Il est tout à fait possible de déterminer que des principes de solidarité soient actionnés en cas de dégâts exceptionnels. Cela se fait déjà dans certains domaines d’activité.
AK : C’est peut-être surprenant venant de nous, mais l’assurance n’est pas la réponse à tous les problèmes. Au vu de la répétition des catastrophes naturelles, il est nécessaire de prendre de la hauteur et d’entreprendre une réflexion sur les risques par secteur d’activité. On ne peut pas rester dans son coin et simplement espérer échapper à la prochaine catastrophe !
Information pour les Chaux-de-Fonniers: Il est vivement conseillé de faire inspecter les cheminées car elles peuvent avoir subi des dommages non-visibles et provoquer incendies ou intoxications.